par Patricia FIACRE
Les ouvrages construits à partir de rapports d’expériences en thérapie ou en médiation familiale sont toujours passionnants.
Ils livrent des histoires intenses, ils racontent le dénouement de situations extrêmement douloureuses et complexes, les liens retissés entre parents et enfants en souffrance. Armand de Soto tient le lecteur en haleine.
Cet ouvrage intervient au moment où les institutions de la protection de l’enfance et les professionnels qui les composent s’interrogent sur la place qu’il convient de laisser aux familles dans la prise en charge des enfants en difficulté, qu’ils vivent auprès de leurs parents ou qu’ils soient confiés aux services de protection de l’enfance. Telle qu’elle est aujourd’hui posée, la question de la place des parents est traitée sous l’angle de leurs droits et de leurs devoirs, sur un plan prioritairement juridique avec en toile de fond l’intérêt supérieur de l’enfant.
Traiter la question de manière normative, c’est-à-dire conformément à la loi, laisse les professionnels face à un paradoxe. Dans certaines situations, ils dépensent une énergie considérable pour « maintenir » les liens entre parents et enfants ou encore pour affirmer l’autorité parentale parce que la norme l’exige alors qu’ils estiment cela vain, contre productif et qu’ils n’y croient pas.
Armand de Soto, en utilisant la parabole de l’histoire de Pinocchio, pantin manipulé par des éléments qui le dépassent (l’enfant symptôme) devenant un garçon pensant et agissant par lui-même, montre qu’en matière de travail avec les parents, il ne s’agit pas de satisfaire au droit mais de permettre aux protagonistes de comprendre ce qui construit leurs liens et les fait agir de manière particulière (maltraitance, errance, toxicomanie, bagarres, agression des adultes...).
La médiation entre les membres de la famille, en instituant un cadre de discussion, leur permet « de se rencontrer. Ils vont pouvoir réfléchir ensemble sur leur histoire « de famille ». Ils pourront comprendre comment ce qui se passe aujourd’hui pour eux peut, peut-être trouver sa source dans ce qui s’est passé hier"
Patricia Fiacre, le 28 juin 2010